| we danced for those at minstrel shows and county fairs
| (maison-mère) Centre d'un monde, de leur monde au moins, le quartier déborde sur l'Avenue. Peu de secrets n'y sont pas partagés entre tous ses habitants, la plupart d'entre eux y ont d'ailleurs grandi. On trouve de tout dans le quartier : plein de cannettes, de linge qui sèche aux fenêtres, bruits de ballons en caoutchouc qui tapent contre les murs, lumières blafardes de supermarkets remplis de trésors chimiques (des conneries au sucre! s'exclame encore mon père).
| | | (rue principale) Frontière fêtarde séparant le quartier et Brooklyn, le soleil s'y cache au bout chaque soir à l'heure dorée. Entre les gratte-ciels et ce terrain de basket au grillage vert olive, quelques arbres nouveaux étendent leurs branches vers le ciel - dissimulent derrière leurs feuilles les entrées de bars secrets, cœurs battants de la cité, cachés de ceux qui savent tout au milieu de la grande foule.
| | | (l'autre côté de l'avenue) À vingt et une heure, c'est le début. Commencent les coups de feu et de poings qui résonnent dans les rues, cris des hommes, murmure des femmes. On n'y traîne pas trop tard, dans ce monde de la nuit, des illégalités - car tout y est possible. Mais entre les ombres, l'entrée des sous-sols, l'aperçu d'un ailleurs - pour certains, le réconfort d'un endroit qui existe pour eux, ou plutôt, d'un endroit où ils peuvent exister (et la promesse précaire d'un demain meilleur que l'hier).
| | | (le reste de la ville) On s'y aventure rarement, au-delà du terrain vague. C'est une rue qui descend qui fait office de frontière, avec un barbelé tordu, quelques poteaux électriques recouverts de stickers qui collent mal. Des publicités qui datent d'il y a deux ans sont encore collés sur les panneaux le long du trottoir. Quand on les voit on sait qu'à partir de là, c'est le territoire des autres, des inconnus. Ceux qui ne savent pas ce qu'il y a entre nos murs. Mais on s'y aventure rarement, au-delà du terrain vague.
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