/ENDED/ I'm gonna tell you something you don't want to hear (OS)

cassette enclenchée dans le lecteur de la bagnole. les pneus crissent sur le bitume de la ville ; point de départ de sa course solitaire. le tricolore. passage au vert et yanis s'en va. musique à fond dans l'habitacle, les mains serrées sur le volant, le regard bien fixe sur l'horizon. bientôt la ville n'est qu'une silhouette aux petits points lumineux dans les rétroviseurs.
hors de la ville, yanis a vu sa vitesse à la hausse pour arpenter les routes sinueuses de montagnes qui seront de plus en plus nombreuses à mesure de son ascension. la nuit enveloppe tout, seuls les phares de son AE86 qui tracent le chemin. une route sans réelle itinéraire. il a simplement besoin de rouler, rouler, rouler jusqu'à ne plus en ressentir le besoin. s'arrêter quand l'esprit se sera apaiser comme il faut. combien de miles faudra t-il pour que la distance suffissent à tempérer le trouble.

rouler loin, toujours plus vite, vite, vite, de plus en plus vite. le vent s'engouffre par les fenêtres ouvertes, fait bouger furieusement les cheveux de yanis. les yeux plissés. il pense à la route, pour ne plus penser à rien d'autre. l'espace d'une nuit. d'une longue nuit.
le pied sur la pédale, à fond la caisse sur la ligne droite. la pleine lune comme seule témoin. aussi lumineuse, en veilleuse au-dessus de sa tête. il rétrograde, ralenti pour prendre avec une aisance vertigineuse, la succession de virages. une épingle qui l'attend plus loin. nouvelle accélération et la voiture grimpe toujours plus haut dans la montagne, grimpe, le faisceau de ses phares entrecoupée par l'alignement parfait des conifères qui entourent la montagne. vue sur le profil de yanis. il ne cille pas, et il prend l'épingle avec une justesse impétueuse. il sent les vibrations de la route dans tout son corps et ce sont ces sensations qui le grise. jusque dans son coeur.

l'on devine, s'élever dans le silence de la nuit, le cri qui s'échappe de sa gorge tandis qu'il file toujours plus loin.